Busy in Bordeaux 

by Jim Evans
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www.prosoundnewseurope.com 

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Globe Audio Mastering in Bordeaux, which will celebrate its 10th year in business in January 2010, has undergone major 

refurbishment, including substantial investment in new equipment and technology for its main room. Co-owner Alexis Bardinet reports that business at his SW France complex is buoyant. 

“Since we re-opened the main room in January of this year we have had excel- lent feedback from all the engineers and artists who have mastered at Globe,” he says. “Business is still doing very well, despite all the talk of recession. We have a full order book for the last two months of the year and January 2010 is already 50% reserved. 

“I believe many of our clients are dis- appointed with the ‘online mastering’ process. They want real mastering, not a preset executed by an assistant at the end of a telephone line. I think that in this day of the crazy virtual world, the human contact feeling and ‘real work’ are the keys to our success. We have received a platinum disc for the Cocoon record, and Tom Frager is doing very well and will soon be platinum – his single Lady Melody spent four weeks at number one in France earlier in the year. We have also been chosen by Warner Productions for the mastering of BB Brunes’s latest album. 

Globe has enjoyed considerable growth during its relatively short existence. By 2007, it was mastering almost 200 albums a year and that level of activity was maintained for 2008 – with an increasing number of projects coming from other countries including the UK and US. “This level of work encouraged us to invest further and make more serious investments,” says Bardinet. 

At the heart of the refurbished main room is the Manley Backbone master- ing insert switcher. This unit allows precise control and manipulation of up to eight pieces of outboard gear. “This really has changed the way I work,” says Bardinet. “The MS mode is very useful and the eight switches are perfect for mastering work. Our new Lavry Gold converters also raise the quality bar.” 

Also new are an Avocet monitoring controller, Tube Tech multiband master- ing compressor and vintage customised Neumann equaliser. The Studer A80 0.5” machine came from Mountain Studios in Montreux, while all connections are now made using Audioquest pure silver cables with gold connectors. 

“We have a choice of three analogue equalisers – including an Api and a Manley, three analogue compressors – including a Prism and a Manley, and a large choice of digital hardware and converters,” adds Bardinet. “We now use two Pyramix systems – one for reading, the other for recording. 

“We’ve also just bought the new Maselec MLA-3 multiband compressor which is really incredible, it offers new perspective for the mastering, the side chain mode is very useful in electronic music. Since I got this unit I’ve used it every day. And, of course, we have never had cause to regret our initial major investment in the acoustics at Globe – so important for accurate mastering. 

“We are always keen to test new gear and assess its possibilities – and also vintage kit. I’m always on the lookout for rarities to add to our portfolio,” concludes Bardinet, who admits to being something of a gear addict. “I’m fascinated by mastering – we’ll never stop.”
Q www.globe-audio.com 


Les Musiciens du monde défilent à Globe Audio 

Par Yannick Delneste
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Sud ouest - Bordeaux

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« Impressionnant
de pédagogie »

TÉMOIGNAGE Vendredi dernier, le groupe bordelais Poumon
était la pour son premier album

 

Le bordelais Alexis Bardinet est devenu une référence internationale dans le mastering l’étape ultime de l’enregistrement.

L’adresse est discrète dans cette rue Pelleport, à deux pas de la gare. À l’instar des plus grand studios, Globe Audio une logique de discrétion. Youssou N’dour, Jean Louis Murat, Michel Jonasz, Shannon Wright, SCH, Kerry James, Ibrahim Maalouf, Odezenne, Cocoon, les BB Brunes ou The Blaze ont passé la porte de Globe Audio, devenu en vingt ans une place forte du mastering dans le monde entier. 

« Depuis trois ou quatre ans nous ne démarchons plus », confirme avec modestie Alexis Bardinet, aux manettes de ce studio équipé de machine parfois uniques en Europe, rares dans le monde du mastering. 

Mais qu’est-ce que c’est ? « L’étape finale d’un enregistrement ou l’on travaille l’agencement des morceaux, les nuances sur chaque titre (aiguës, graves, basses…) et l'homogénéisation des fichiers, explique le bordelais de 47 ans. Le son des albums studio mais aussi celui des live, des bandes originales de films, deleur version DVD. » Dernier grand fait d’armes dans le domaine : « La Tortue rouge », film d'animation nominé aux césar et Oscars. 

Eclectisme et exigence

Un travail de dentelle d’une journée en moyenne, déterminant pour lequel des stars le sollicitent qu’il rend aussi accessible aux artistes émergents (lire ci-dessous). « Sur les 220 projets par an, absolument tous les styles sont représentés du métal à la chanson, du rock aux musiques du monde », précise le master du mastering. Les cadors du coin sont des habitués: Romain Humeau y a peaufiné ses albums solo et ceux d’Eiffel dont le dernier qui vient de sortir, Les Hurlements d’Léo itou, tout comme Noir Désir. 

Alexis a l’éclectisme chevillé aux oreilles depuis toujours. Baigné de culture musicale (père jazzeux, ex-responsable de Mollat musique), l’ado adorera et adore les Beatles, Marvin Gaye, Al Jarreau ou les Neville Brothers, jouera dans plein de groupes avant de réaliser que c’est en posant des micros, et derrière la console qu’il s’épanouit le plus.

Passé par Translab, Mecque du mastering en France, ou les studios d’Universal, il n’oublie pas non plus le caractère très formateur… du village-vacance de Cogolin ou il à été régisseur des spectacles et annonces de repas. Après quelques années à Bordeaux et avec son pote d’étude Bertrand Reboulleau, monte le projet atypique d’un mastering hors capitale.


Une aventure de vingt ans

« Tout se faisant dans notre chambre de coloc’, se souvient-il. Mais on a toujours eu à coeur de soigner ce son, même dans ces conditions.» Deux ans associatifs et le tandem ouvre Globe Audio en 1999. 800 000 euros sont investis dans le matériel et les plus grands sont baba devant la qualité du studio A Globe Audio, c’est aussi une branche ingénierie que gère l’associé Bertrand à la Baule, au plus près des Chantiers de l’Atlantique dont il équipe côté son, les navires qui en sortent. 

En ce mardi 6 mai, on laisse Alexis en connexion avec La Réunion pour un (rare) mastering à distance. « J’adore les portes des studios qui se ferment, sourit-il. Derrière le temps s’arrête. » Et la musique qui est reine. 

Entre mental core et brutale hip-hop (ben si, ca existe), l’univers de Poumon emplit le studio. Les Bordelais Émile Anacoya este Vincent Tiverne ont enregistré et mixé leur premier album « Perfect Judas » chez eux dans une auto production qu’ils voulaient parachever d’un mastering top. « On a un des plus grand studio au monde à 10 minutes de chez nous, sourit Émile. On avait une très grosse angoisse en arrivant le matin, celle d’être au niveau. »

« Stars ou émergeants, ils ont très souvent la pression, sourit Alexis. Mon travail est de faire de vraies propositions. L’album de Poumon est assez passionnant. «Il est impressionnant de pédagogie », souffle Vincent, approuvé avec enthousiasmes par Noémie Jalinier. La manageuse de l’équipe ne le cache pas: la journée de mastering à 1000€ est le plus gros investissement dans le budget de l’album qui sortira en septembre. «On ne regrette pas une seconde », dit-elle. Le trac n’est pas toujours dans ce sens-là. Et Alexis de se souvenir avoir reçu ici Paul Kendall, ingénieur du son mythique (Depeche mode, Nine inch Nails) qui lui avait dit  : « Fais comme tu fais d’habitude, Alexis… » Classe.  


Le mastering,
c’est quoi ?
 

par Vincent Rousset
> La vie économique n°1947

 

Le mastering est la dernière étape entre la finalisation du mixage de l’œuvre enregistrée et le pressage du support lui-même (CD - DVD), ou la mise à disposition du public via des plateformes musicales en ligne. Après le mixage, un morceau ou un ensemble de morceaux est assemblé pour devenir un « programme ». Celui- ci se voit appliquer une série de corrections, de traitements et d’informations additionnelles en vue de sa mise en forme, son exploitation ou sa diffusion. Concrètement, le mastering est là pour tendre à un rendu cohérent de l’œuvre et surtout à la valoriser avant qu’elle ne soit écoutée par le plus grand nombre. « C’est le vernis, la patine finale », dixit Alexis Bardinet. 


Globe Audio monte
en volume
 

par Vincent Rousset
> Entreprise / Bordeaux

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Créée en 1999, la société Globe Audio Mastering participe à la finition de nombreux albums dartistes français et internationaux importants. Forte dune expérience reconnue et dun matériel hors pair, la PME figure parmi les leaders mondiaux dans son domaine. 

Les locaux de Globe Audio Mastering se font plus que discrets, ils se fondent dans le paysage des échoppes de la rue Pelleport à Bordeaux à deux pas de la gare Saint-Jean. Et pourtant ce qu’il s’y passe est par nature stratégique et fascinant, que l’on soit amateur ou novice en musique. En effet, c’est dans ce studio feutré (voir photo) que sont « masterisés » les albums CD des auteurs, compositeurs et interprètes avant leur pressage et leur diffusion au plus grand nombre. Créée à Bordeaux en 1999 par Alexis Bardinet et son associé Bertrand Reboulleau, Globe Audio figure actuellement parmi les leaders dans son secteur, rivalisant avec d’importants studios de mastering new-yorkais, londoniens ou parisiens (Translab). En 2010, la société, employant les deux associés, a réalisé un chiffre d’affaires de 220 000 euros contre 200 000 en 2009. Cette progression illustre le parcours et la reconnaissance de deux passionnés de musique et d’informatique qui se sont connus à l’école supérieure d’ingénieur du son Novocom à Paris dans les années 90. Alexis Bardinet (issu d’une autre branche de la célèbre famille bordelaise) et Bertrand Reboulleau ont d’abord appris leur métier au sein de Translab puis d’Universal à Paris en mastering. Puis ils décident de créer à Bordeaux leur studio de mastering. « On a dabord monté une association pour tâter le marché et puis nous avons créé la société. On faisait de lenregistrement mobile. Mal- gré la crise du disque, on avait conscience que le mastering allait marcher, on lobservait auprès de nos clients », explique Alexis Bardinet. Les clients sont d’abord des groupes de la région et puis d’autres régions. « Par exemple, Cocoon, de Clermont-Ferrand, nous les avons accompagnés dès leur première maquette », ajoute-t-il. En parallèle, pour vivre et engranger du chiffre d’affaires, Globe Audio fait de l’ingénierie pour installer des équipements de son pour des salles de spectacles à bord de paquebot. Archi-pointu en câblage et informatique, l’associé directeur technique Bertrand Reboulleau est celui qui parcourt le monde à bord de paquebots prestigieux (dont le mythique Queen Mary à Saint-Nazaire) pour que le son soit parfait. « A partir de là, nous avons pu investir dans un matériel haut de gamme ultra-performant que lon ne trouve qu’à Londres, Paris ou New-York », indique Alexis Bardinet. 

Globe Audio Mastering s’est fait un nom et affiche aujourd’hui à la fois des pointures (Jonasz, Youssou N’Dour, Michel Legrand) et des jeunes talents prometteurs (BB Brunes, Mademoiselle K, Jennifer) dont les albums se sont très bien vendus (disque d’or et de platine). « Les artistes viennent chez nous souvent épuisés parce quils travaillent sur leur album depuis plus dun an et sont sous pression des maisons de disques pour que ça marche. Nous sommes là pour les accompagner, amplifier et valoriser ce quils ont fait. Un bon mastering est avant tout un bon mix et une bonne prise de son », observe le « master » Bardinet qui a travaillé récemment sur le dernier album de Jean-Louis Murat (qui sortira 

en septembre prochain) mais aussi sur l’album de David Reinhardt (petit-fils de Django). Dans ce marché du disque en crise, la compétence à la fois technique et artistique requise certes joue mais pas seulement : il y également l’argument prix. « Nous sommes à 1 000 euros par jour, certains bradent totalement et font nimporte quoi, nous ne les suivrons pas ». Aujourd’hui très sollicitée, la société Globe Audio (désormais propriétaire de ses locaux qu’elle agrandit et optimise actuellement) recrute un jeune ingénieur du son pour septembre.
Et envisage d’investir encore pour être toujours au top. 

Vincent ROUSSET 

Les artisans
du son  

par Eric DELAYE
>
Libération

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C’est l’étape la moins connue de la réalisation d’un disque, celle où on corrige les défauts, où on équilibre la stéréo, où on travaille le volume au demi-décibel près.
Un métier « sans lequel les morceaux seraient moins agréables à écouter »,
jure l’un de ces sorciers du mastering.  

Quand Alicia Keys et Yoko Ono ont appelé Daft Punk pour re- cevoir le Grammy Award de meilleur album de l’année 2014 pour Random Access Memories, les robots ont emmené toute leur équipe sur scène: Pharrell Williams, Nile Rodgers et Paul Williams, bien sûr, mais aussi une demi-douzaine de colla- borateurs à divers titres. Tout au fond, un grand chevelu : Antoine «Chab» Chabert, crédité sur l’album au titre du mastering. C’est quoi, le mastering ? Probablement l’étape la moins connue dans la réalisation d’un disque : soit on ne sait pas en quoi ça consiste, soit on ne comprend pas à quoi ça sert. La plupart du temps, les deux.

Pour expliquer son métier, cette confrérie use généralement de la même métaphore: le mastering est à la musique ce que le vernis est au meuble. En appliquant une couche sur le bois brut, et si la teinte est bien choisie, l’ébéniste fixe la réussite de son ouvrage. Dans le cas du disque, c’est pareil. L’enregistrement est corrélé au mixage, une étape déterminante au cours de laquelle l’ingénieur du son équilibre les fréquences des voix et des instruments, pose des effets, et assemble finalement un beau meuble en bois brut. Le vernis se passe en plusieurs couches: correction des défauts, équilibre de la stéréo, dynamique du son, harmonisation des fréquences et du volume entre les titres... Ainsi figée, la musique devient un «produit» décliné sur les différents sup- ports – vinyle, CD, numérique – de sa commercialisation.

« Travail relationnel »

C’est donc le boulot de «Chab». Formé il y a vingt ans au studio parisien Translab, fondé en 1976 et où officie le producteur de French Touch Alex Gopher, même lui n’a pas toujours capté le demi-décibel où tout se joue : «Au début, Jean-Christophe Beaudon [de Translab, ndlr] variait le volume des basses, des médiums ou des aigus, et me disait : “T’as entendu ?”

“Euh... non!” J’ai dû entraîner mon oreille. Au bout de trois mois, j’entendais au demidécibel; au bout de deux ans, au dixième de décibel. C’est quasi subliminal et on croit être dingue parce qu’on est seul à l’entendre.

« Mais non, on n’est pas fou !»Ses modèles ont pour noms Nilesh Patel (Daft Punk, Björk), Mike Marsh (The Chemical Brothers, Calvin Harris), Greg Calbi (Tame Impala, MGMT)... mais aussi l’illustre Bob Ludwig qui a cosigné le mastering de Ran- dom Access Memories, totalise onze Grammy Awards et a travaillé avec absolument tout le monde, de Jimi Hendrix à Beyoncé. Aujourd’hui, «Chab» a son propre studio et des références sans fin: Manu Chao, Angèle, Charlotte Gainsbourg, Oumou Sangaré, Air, Florent Pagny... «Le travail relationnel avec les artistes est hyper important, explique-t-il. Il faut sou- vent les rassurer, comprendre leurs désirs, les décrypter: quand ils demandent que le son soit plus chaleureux, tous n’accordent pas la même signification à cet adjectif. Sans compter les avis contradictoires : le producteur pense “radio”, l’ingénieur du son pense “puissance”, l’artiste pense “œuvre”... C’est pour ça que j’aime bien être seul en studio. Je peux mieux capter l’impact émotionnel d’une chanson, ou physique si c’est un morceau destiné aux clubs, pour le sublimer ensuite.»

« Le parcours d’une vie »

Egalement passé par Translab, aujourd’hui à la console de son studio dans un village médiéval du Tarn, Raphaël Jonin est un autre ponte de cet artisanat «sans lequel les morceaux seraient moins agréables à écouter et ne passeraient pas à la radio» : «C’est difficile à expliquer, mais quand on entend, on comprend.» La tâche exige généralement une heure pour un titre, une journée pour un album. Quand ça se passe bien. «Je ne fais presque plus de rap, raconte Raphaël Jonin. Dans les années 2000, ils arrivaient à quinze et étaient toujours à deux doigts de se friter parce qu’ils n’étaient jamais d’accord entre eux. Or le demi-décibel exige du calme et de la sérénité. Le problème est aussi qu’un artiste privilégie souvent sa partie sur la globalité du son : un violoniste n’entend que lui dans un orchestre, Bruel se focalise sur sa voix, un bassiste de jazz veut être mixé tellement en avant que ça sonne comme du reggae... Il faut être diplomate pour rétablir l’équilibre.» Parmi ses fiertés récentes, des albums de Youn Sun Nah, Camille et Kyle Eastwood.

La route conduit ensuite à Bordeaux où Alexis Bardinet – encore un ancien de Translab – a ouvert (avec Bertrand Reboulleau) Globe Audio en 1999. «Peut-être parce que je vis ici, je fais beaucoup d’analogies avec le vin, dit-il. Ce qui compte, c’est l’émotion de la première gorgée. Je ne veux pas parler technique avec les musiciens, mais employer des termes comme “chaleur”, “couleur”, “amplitude”, “largeur”...» Son CV inclut des clients aussi divers qu’Ibrahim Maalouf, Youssou N’Dour et Michel Jonasz. Et chaque genre musical a ses spécificités : «Travailler un piano solo de Michel Legrand ou Gonzales, c’est souvent complexe parce qu’il faut gérer une palette très large de temps forts et de temps faibles, de graves et d’aigus. Autres exemples, le reggae de Tiken Jah Fakoly exige de la chaleur alors que l’electro de The Blaze est nécessairement plus froide.» Parfois, les nuances sont tellement subtiles que leur perception est intuitive : «Je ne commence à vraiment comprendre ce que je fais que depuis cinq ans. Le mastering, c’est le parcours d’une vie.»

La « guerre du volume »

C’est aussi au mastering que se définit le volume sonore du disque. L’oreille étant ainsi faite qu’elle a l’illusion que le son est meilleur quand il est plus fort, il est tentant de pousser tous les boutons au maximum. Quitte à niveler la dynamique puisque, si tous les instruments et toutes les séquences du morceau sont dans le rouge, plus rien ne dépasse. Un choix dans lequel ont plongé certains artistes désireux de sonner plus fort que la concurrence, pour se démarquer dans un environnement de plus en plus bruyant. C’est ce qu’on a appelé la «guerre du volume» (loudness war), déclarée en 1999 par Californication des Red Hot Chili Peppers et qui a atteint son sommet en 2008 avec Death Magnetic de Metallica dont le son saturé arrachait les tympans. Jean-Pierre Chalbos, cofondateur en 1996 du studio la Source Mastering à Courbevoie, se souvient : «Mes clients voulaient tous sonner fort, même quand leur style ne le justifiait pas. Depuis, tout le monde s’est calmé, moi aussi !» Sollicité par Thiéfaine comme Booba, «des gens très impliqués dans le rendu final», Jean-Pierre Chalbos décrit son rôle comme «une école de l’humilité où le plus difficile est d’en faire le moins possible». Une mission qui inclut également de déterminer la pause entre deux titres : «Selon la nature, la fin et le début des morceaux, selon le rythme de l’album aussi, il faut tantôt enchaîner vite ou laisser quatre secondes de blanc. C’est un choix musical où interviennent la sensibilité et l’expérience.»

S’agissant de réglages aussi méticuleux et irréversibles, tout est pris en considération. Le support, bien sûr: le mastering est conçu pour le CD et les plateformes de streaming, puis il est ajusté si nécessaire au vinyle, dont les sillons ne supportent pas toutes les fréquences. S’il est réussi, il doit aussi être audible avec une chaîne hi-fi, un autoradio, une enceinte Bluetooth ou un casque à 10 euros. Pour un album nécessitant une journée de travail, il faudra débourser 1 000 euros en moyenne, jusqu’à 3000 euros dans les studios les plus cotés. Logé à Paris et Barcelone, le Color Sound Studio est moins cher: 90 euros par titre. Pour ce prix, David Hachour, installé en Catalogne, discute par webcam avec l’artiste avant de se mettre au travail. Fait de gloire : avoir en partie mixé et masterisé Nothing But the Beat de David Guetta, nommé aux Grammy Awards 2011. «Ça nous a ouvert les voies de l’EDM pendant deux ou trois ans. Mais des studios ont ouvert partout, la clientèle se disperse, et ça devient difficile pour tout le monde.» D’autant qu’un concurrent redoutable est apparu en 2014 : la plateforme montréalaise Landr, qui propose un mastering automatisé en ligne avec des formules entre 4 et 25 euros par mois. Le résultat serait honorable quand les algorithmes moulinent des fichiers correctement mixés, mais beaucoup moins quand les retouches sont complexes. Dans les studios, on fulmine – «C’est de la merde!»–et on prédit que rien ne remplacera l’expertise humaine. D’autant que la multiplication des home studios et la tendance à confier plusieurs titres d’un même album à différents ingénieurs du son accouchent de fichiers disparates sur lesquels il faut nécessairement appliquer la fameuse couche de vernis. C’est bien connu, un meuble laqué est plus doux à l’oreille.

« J’ai dû entrainer mon oreille, au bout de trois mois j’entendais au demi-décibel,
au bout de 2 ans, au dixième décibel. C’est quasi subliminal. »


De l’enregistrement mobile au mastering  

par Frank Ernould

 

Créé à Bordeaux en 1999, le studio Globe Audio a gagné ses galons dans le petit monde du mastering français. Sa grande cabine, qui vient d’évoluer, ne déparerait pas dans une structure nationale de premier plan, et l’ingénieur des lieux, Alexis Bardinet, a développé une démarche à la fois exigeante, pédagogique et respectueuse. Visite et entretien…


« Quand on m’apporte un mix hyper- fort, avec 3 db de dynamique, j’explique à mon client qu’il me paie pour ne rien pouvoir faire de mieux. Il a peut-être réussi le mix le plus fort de la terre, mais ce n’est pas pour autant que ça sonne. Mettre du niveau, ce n’est pas une fin en soi. Surcompresser non plus. Chacun fait comme il veut, mais quand on mixe comme ça, ce n’est plus la peine d’aller en mastering : cette étape ne peut alors plus rien apporter. Pour que le mastering améliore un morceau, il faut qu’il y ait, à la base, de la dynamique, une belle stéréo, de la vie : c’est le cas sur la majorité des titres qui connaissent un succès commercial... »

Un constat imparable, signé Alexis Bardinet, ingénieur chez globe audio, 200 projets par &n, dans tous les styles : rock (Eiffel, Tahiti 80 ou Noir désir), jazz avec (Legrand, Reinhardt ou Ceccarelli), reaggae (Tiken Jah Fakoly), chanson, électro...

Lors de ses études à l’école de Novocom, à Paris, Alexis Bardinet sympathise avec Bertrand Reboulleau. Alexis travaille ensuite comme ingénieur du son à Translab ou Universal ; Bertrand part au studio Delphine. Au bout de quelques années, ils s’installent à Bordeaux ; Alexis en est originaire, Bertrand désirait quitter la région parisienne. Bertrand ne fait pas du mastering, il est plutôt attiré par l’ingénierie, l’informatique, la maintenance, la consultance audio, récemment pour les chantiers de l’Atlantique (son des bateaux de croisières), ou Le Quai à Angers par exemple, et intervient en maintenance pour France 3 Aquitaine.

Il a néanmoins ses quartiers dans les locaux de Globe Audio, société qu’il a créée en 1997 avec Alexis. Au départ, il s’agit d’une structure d’enregistrement mobile avec cellule de montage/ finalisation, hébergée dans des locaux de 200m2 situés à 5 minutes de la gare Saint-Jean. « Au départ, nous avions un soundforge, un Finalizer et. Une paire de Genelec 1030, ainsi qu’une console TL Audio à lampes pour l’enregistrement mobile ; on faisait de la prise de son sur site et on finalisait dans notre petite cabine », explique Alexis. « Au fil du temps, on s’est rendu compte qu’enregistrer en extérieur exige une acoustique pointue, sinon tout devient complexe. En parallèle, de plus en plus de projets « mastering » sont venus ici ; le bouche à oreille a fait son œuvre, et c’est cette activité qui est devenue prépondérante. On a peu à peu étoffé la cabine, avec un égalisateur Avalon 2055, et un compresseur à lampes Anthony Demaria Labs S/C/L 1500, un compresseur Summit DCL-200. On est passé en Pyramix, on a refait de petits travaux d’acoustique. Les gros projets ont commencé à arriver, et on s’st dit qu’il fallait passer à la vitesse supérieure. » Alexis et Bertrand décident alors d’aménager, à l’étage, une cabine plus grande, sans concession. « Il a fallu un an et demi d’études, puis deux ans de travaux, des dizaines de millier d’euros d’investissement. La pièce faisait 75m2 de surface brute ; on a laissé carte blanche à l’acousticien, David Argelies (Orythie), en imposant toutefois la lumière du jour. On ne voulait aucun compromis sur le traitement : derrière les enceintes, il y a 2 mètres d’épaisseur de laine de roche, 4 tonnes de plâtre, 300 kilos de sable, des couches croisées de plaques de plâtre montées sur du liège de différentes épaisseurs. Dans la pièce elle-même pas un mur n’est parallèle ni le plafond évidemment. On a même, au niveau du plancher flottant, des plots différents entre l’avant et l’arrière, pour une meilleure absorption. »

La déco adopte un style « nautique »,
avec beaucoup de bois, du tissu bleu tendu...

« Ce qu’on voulait, aussi, c’est ne pas tomber dans le travers mat qu’on reproche à beaucoup de cabines de mastering existantes. On préférait avoir de l’air, du confort, un côté vivant dans l’acoustique ; c’est. Ce qui a fait par la suite la réputation de l’endroit auprès des ingénieurs du son. Et ne pas choisir des enceintes audiophiles, B&W ou autres : le piège est que souvent, dans la cabine, ça sonne très bien, mais qu’après, ailleurs, on a quelques surprises. Nous avons choisi, en façade, des grosses écoutes Dynaudio M3 ; on a aussi des Genelec 1030 en proximité, bien placées, sur pied lourd, plus standard, que tout le monde connait, et des enceintes multimédia Creative.»

 

« Bertrand a une grande expérience dans le domaine de la conception de studios, on a eu l’occasion de visiter pas mal d’endroits au fil des années, et on s’est aperçu que ce qui péchait le plus souvent, c’était l’acoustique. Beaucoup investissent davantage dans le matériel que dans la partie traitement/câblage. Nous, on a fait. Dans l’autre sens : on a mis l’essentiel de l’investissement sur l’acoustique, et on a acheté le matériel en fonction de notre évolution. » 

TRÈS HAUT NIVEAU

 La grande cabine ouvre en 2005. Un des premiers projets réalisés : Le DVD et le CD live de Noir Désir. «  Au niveau de l’équipement, j’ai d’abord monté ce que j’avais en bas : l’ADL, un égaliseur Manley MassivePassive, et un t.c. electronic System 6000. On se sert d’une console Sony DMX-R100 en écoute. Les masters avaient aussi été envoyés ailleurs, pour test comparatif ; la maison de disques et le groupe avaient fait un classement, on a fini premiers, c’est nous qui. Avons été choisis. » La grande cabine est compatible 5.1, et accueille un écran et un projecteur vidéo, un caisson de graves et des enceintes centrales et arrière. « Compte tenu de l’investissement, ca ne revenait pas tellement plus cher », précise Alexis. »On a traité quelques projets en multicanal, quelques dessins animés et films (dont Enfermés dehors, de Dupontel)... Mais on n’en fait plus beaucoup, même les DVD de concert sont très souvent stéréo (Tiken Jah, Noir Désir...), et parfois unwrapés au systèm 6000. C’est dommage que le format 5.1 n’ait. Pas pris en musique... » Quatre ans après son ouverture, la cabine connait encore une grosse amélioration début 2009 : son workflow est entièrement revu autour d’un Manley Backbone (sélecteur d’insert de très haute qualité, 3 entrées/8 traitements, avec mode MS), qui évite de passer par un patch externe. Le câblage est donc effectué au plus court (60 à 70 cm), en AudioQuest, câble argent/or, pour une qualité optimale. » On est aussi passés en Lavry Gold au niveau des convertisseurs A/N et N/A. Avec ces marques haut de gamme reconnues, on a gagné en respect de la phase, en rapport S/B, en clarté, mais surtout, concrètement, on s’offre une certaine tranquillité au niveau des ingés son qui viennent : ils connaissent, ils sont rassurés, c’est psychologique. »

Les stations de travail (une en lecture, une autre pour l’enregistrement) sont des Pyramix, avec pilotage et liaison croisées haut/bas. La liste des périphériques est préstigieuse : à gauche de l’ingénieur, des compresseurs tfpro P38ex, Prism Maselec MLA-3, Manley Variable Mu, Tube-tech SMC 2BM ; au centre, sous les indicateurs de niveaux et le Backbone, les égalisateurs Manley Massive Passive et Weiss EQ1-MK2, et la télécommande du system 6000 ; à droite sous les convertisseurs Lavry Gold, l’égalisateur Neumann. W493 (version custom d’un V72 Telefunken, issue d’une machine à graver), un Behringer UltraCurve pour l’analyseur de spectre intégré, et le gestionnaire d’écoute Crane Song Avocet. En dessous du meuble, un API 5500, un SPL Mk2-T, un limiteur d’aigus Maselec MPL-2. L’horloge est une Apogee Big Ben. Le studio B., en bas, possède une console Focusrite, un Avalon 2055, un ADL C/L1500, un summit DCL-200, un dbx 120XP, unSPLVitalizer MK2, un Finalizer, une PCM-90 et une MPX-1. Les écoutes sont des PMC lB1 et des GENELEC 1030.

« Je crois plus à la vérité du son quand on a des belles machines qui fonctionnent bien, mais surtout pas aux recettes. Quand j’entends des gens dire « Ah, il faut tourner les mix sur de la bande, c’est monstrueux ! », c’est faux : ce n’est pas parce que tu vas tourner ton mix sur bande qu’il va forcément devenir génial. Ça dépend du style musical, de la façon dont on a mixé, à quel niveau on entre, sur quelle machine... En ce moment, j’ai l’impression que tout le monde revend sa console numérique pour acheter de l’analogique, que beaucoup pensent aux sommateurs... Il y a un tout. Un mythe qui se crée autour de ça, mais il faut se souvenir que tout ça, quelque part, ce n’est que des outils ! La base, c’est le son que tu veux, la façon dont tu utilises les outils, quels qu’ils soient. Sur. Quoi on écoute, dans quelles conditions, voilà qui influe beaucoup plus le mixage, par exemple. Ce n’est pas parce qu’on travaille sur une console numérique qu’il en sortira forcément un mauvais son... »

 

Une clientèle fidèle

 

La Clientèle de Globe est. A 50% parisienne, à 15% étrangère, avec des ingés son comme Paul Kendall (Depeche Mode, My Park), Bruce Keen, Bob Coke (Ben Harper, Noir Désir), Eric Stewart (10 cc). « Avec tous ces mecs-là, qui sont allés dans tous. Les studios de mastering de la terre, on ne parle jamais de niveau. Pour eux, le mix est un mix, mais le mastering, c’est autre chose. L’acoustique des lieux les ravit ; mais on n’évoque jamais le matériel, ce qui qu’il y a ici leur suffit, c’est une base. Eux, ce qui intéresse ici , c’est l’écoute, le traitement acoustique. Les M3 ne sont pas des enceintes audiophiles, elles mettent en évidence le moindre problème, c’est très précieux... Côté français, je vois souvent Fred Norguet (Ez3kiel), François Gaucher, Eddy Da Costa, quand on a fait vingt ou trente albums ensemble, il n’y a plus besoin d’expliquer, c’est un vrai travail d’échange avec le mixeur. On se concentre sur la partie intéressante. »

Avec des clients moins aguerris – il insiste toujours pour avoir un membre du groupe présent -Alexis n’hésite jamais à faire preuve de pédagogie. « Le mastering, c’est l’art du compromis. J’explique ce qu’on peut faire ou pas. Par exemple, que si on essaie de mettre plus de cymbale ou de charley, ça fera ressortir les sifflantes de de la voix ; que si on enlève du bas-médium sur la voix, on perdra de la rondeur sur la basse... J’utilise beaucoup la double compression : je passe en amont dans un multibande, par exemple le Maselec ; je m’en sers un peu comme d’un limiteur. Après je vais, chercher la couleur dans le tube-tech ou dans le Manley, en fonction de ce que j’ai à faire. »

« Au mastering, en fait, tout se joue dès le mixage. On parle toujours d’aller chercher le 0 dBFS... C’est quand on m’apporte des fichiers qui « respirent » que je peux vraiment travailler, gagner en niveau subjectif, 1à à 15 dB parfois, tout en préservant la dynamique. Pour moi, un bon mastering, c’est ça : c’est ne pas détruire ce qu’a créé le mixeur. Écraser le volume sur le CD, ça donne la sensation qu’il n’y a pas de puissance. Un signal qui a de la puissance est un signal qui a conservé de la dynamique... Et il y a suffisamment de disques numéros 1 qui ne sont pas hypercompressés, où il y a de l’air, pour qu’on arrête cette tyrannie du niveau. C’est pas parce qu’un disque est fort et écrasé qu’il va se vendre... Du moment que j’ai de la dynamique et une belle stéréo, même si l’ensemble est un peu terne, j’ai de la matière, j’ai de la place pour choisir mes compresseurs et mes égalisateurs et apporter une couleur au mastering. L’équation, c’est le « mix de niveau ‘faible’ + dynamique = son énorme après mastering ». Il faut que les aiguilles bougent ! »

« L’urgence des coursiers qui apportent le projet le matin et qui repassent le soir, j’ai connu à Translab. Maintenant, je travaille sur des séances réservées plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l’avance. Je demande toujours à écouter les projets, je fais une sélection dans ce que je reçois, et ça me permet d’offrir un service de qualité. Le mastering on line, c’est très bien, mais il ne faut pas se faire d’illusion : il y a une caution, un grand nom derrière, qui a peut-être programmé deux-trois presets sur un processeur, mais c’est un assistant qui fait tout le boulot, tous les morceaux avec le même programme, il n’y a plus d’âme là-dedans, pas d’écoute, pas de choix. Ça répond à un certain besoin de mastering rapide et pas trop compliqué, cautionné par un nom connu. Mon approche est inverse. Je me considère comme un pur artisan. Mon principal souci, c’est la qualité des disques que je fais, et c’est en train de payer : quand je regarde les charts ITunes, je vois qu’il y a plein d’albums que j’ai masterisés qui marchent, qui vendent, qui sont bien chroniqués dans les magazines, et je me rends compte qu’on est sur la bonne voie : offrir de la qualité à des gens qui sont soucieux de ça. »


RENCONTRE AVEC ALEXIS BARDINET DE GLOBE AUDIO, L’AUTEUR DU MASTERING DE JVLIVS  

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Alors que SCH tease l’arrivée du tome 2 de JVLIVS, et alors que l’on fêtait les 2 ans du premier
tome le mois dernier, nous sommes allés à la rencontre d’Alexis Bardinet, l’homme responsable
du mastering de JVLIVS tome 1. 

Depuis quelques années maintenant, les hommes de l’ombre du rap français sont de plus en plus mis en avant. Désormais, il n’est plus rare de lire une interview d’un beatmaker, d’un topliner, d’un réalisateur de clips, ou de l’auteur d’une cover remarquée. Et ces derniers temps, c’est une discipline méconnue qui fait parler d’elle : le mastering. Dernière étape de la conception d’un album (après l’enregistrement des voix et le mixage), le mastering est une sorte de dernière couche de lustrage, qui permet à l’album d’être sublimé dans les moindres détails. Parfois presque inaudible pour les oreilles non-averties, elle est pourtant essentielle dans la réussite d’un album, notamment pour les rappeurs ayant à cœur de livrer une musique de haute qualité. SCH est de ceux-là. La preuve avec le tome 1 de JVLIVS : en dehors de toute considération artistique (nous, chez LREF, on avait kiffé), l’aspect formel de l’album avait été soulignée par de nombreux médias et acteurs du métiers, mais aussi une bonne partie du public, preuve qu’il y est tout aussi sensible. 

Un des acteurs principaux de la réussite musicale de cet album ? Alexis Bardinet, un homme de 48 ans qui, depuis plus de 20 ans, masterise les albums de quelques-uns des plus grands noms de la scène musicale actuelle : Noir Désir, Mylène Farmer, Tiken Jah Fakoly, The Blaze, Youssou N’dour, Ibrahim Maalouf… Le tout, depuis son studio Globe Audio Mastering à Bordeaux, où il s’occupe exclusivement du mastering d’environ 250 projets par an, notamment de rappeurs locaux comme Odezenne, IGee ou encore le WL Crew. En 2018, c’est celui du tome 1 de JVLIVS qu’il a réalisé. Il nous raconte. 

“SCH a d’abord bossé avec un mec qui est un ancien stagiaire d’ici, Luca, qui travaille au studio RIMSHOT maintenant. Il a dû lui parler d’ici, de la cabine, où je travaille en analogique. On a d’abord fait un titre, Otto. C’est souvent comme ça que ça fonctionne avec les maisons de disques : ils envoient un premier titre test à plusieurs studios, et celui qui raffle la mise s’occupe du reste de l’album. Là, pour Otto, le résultat leur a visiblement plu… Du coup Julien m’a appelé en personne, ce que j’ai trouvé assez cool. Et il m’a dit qu’on allait faire le disque ensemble. Guilty de Katrina Squad m’a appelé aussi, pour me dire que ça allait se faire dans le rush, parce qu’ils étaient encore dans les mix et qu’il fallait aller vite. Ensuite la maison de disque a pris le relais, j’ai fait les autres titres, et je leur ai envoyé les morceaux au fur et à mesure. 

J’ai eu énormément de bons retours quand l’Album est sorti : il y a des basses, il y a de l’infra et c’est géré, ça sonne partout, les aigus sont là mais la voix n’est pas agressive… Voilà ce que m’ont dit les gens. C’était un gros travail analogique, avec plein d’outils pour nettoyer, et pour que ce soit le plus agréable à écouter, sur tous les systèmes possibles, donc je suis très content. Est-ce qu’ils vont faire appel à moi pour JVLIVS 2 ? Pour l’instant, je ne sais pas. Il suffit que ça change d’ingé-son pour que ça bascule… Ça sera la surprise !  J'avais déjà fait des albums avec Odezenne, Kery James, Black Panthers, Mission 101… mais je ne faisais pas souvent du rap. Et puis, tout se faisait à Paris. Mais avec cet album-là qui a fait disque de platine très rapidement, et a eu beaucoup d’éloges sur le son, ça a amené un nouvel éclairage sur Globe Audio Mastering. Et ça montre qu’on peut travailler à Bordeaux et faire ce genre de projet…

Quand j’étais à Paris il y a une vingtaine d’années, je travaillais chez les Studios de Mastering Translab. C’est là où ont été faits les albums de NTM, IAM, Solaar… A l’époque, moi, j’écoutais énormément de RAP US, notamment «  All eyes on me » de Tupac. Mais après, pendant longtemps, je me suis un peu fermé au rap, notamment le rap français : je trouvais la production décevante : ça manquait de basses, de puissance, les aigus étaient vite agressifs… Je trouvais ça vachement dur à écouter. Mais je m’y suis remis avec le temps, notamment grâce à mes ados, qui en écoutent toute la journée !

Dans le rap, le problème, c’est que les mecs veulent aller très vite. Des fois je reçois des fichiers qui sont déjà pré-masterisés, ou en Mp3… Sauf que si je prends leurs trucs tels quels, je vais leur renvoyer un résultat qui ne sera pas forcément bien meilleur que ce qu’ils m’ont déjà fourni. Du coup je leur demande de renvoyer les fichiers Mixs. Et souvent, quand tu fais ça, t’as plus jamais de nouvelles. Quand ils parlent de moi, ils disent : Globe Audio c’est top mais c’est compliqué… C’est souvent là où ça bloque. Du coup, pour ceux qui veulent faire masteriser leur album ou leurs titres ici, je les envoie chez des gens que je connais, spécialistes en Rap, pour qu’ils enregistrent là-bas, pour être sûr que ce soit bien fait. Comme chez IGee par exemple (ndlr : rappeur de Bordeaux qui tient un studio, le Magma studio, en collaboration avec Flam, beatmaker du WL Crew). Je suis donc exigeant dans le processus musical, mais pas élitiste : j’ai fait des trucs très spés comme Ziak, mais aussi plus populaires comme LauCarré, ou plus récemment « Au revoir » , le dernier titre de Bigflo et Oli qu’ils ont fait pour leur documentaire sur Netflix. 

C’est génial car mon Studio était surtout connu pour le Rock, la Pop, le Jazz et l’électro et ça m’ouvre à d’autres univers…

 


Mikaël Birraux - PAR Record

Tu as tout donné dans tes prises de son, toute ton âme, ta meilleure interprétation. Tu as réalisé un mixage de malade. Et arrive l'étape cruciale et stressante du mastering et là, c'est la catastrophe, tu as tout bousillé en écrasant la dynamique à outrance, et tu laisses passer les chances au morceau d'être diffusé à sa juste valeur.

Lors de mon entretien avec l'un des meilleurs ingé son de mastering M. Alexis Bardinet de Globe Audio Mastering (Ref : Ibrahim Maalouf, Noir Désir, Bigflo et Oli, Mylène Farmer, Michel Jonasz, Tiken Jah Fakoly et bien d'autres...) chez qui j'ai eu la chance de masteriser deux albums pour mon groupe. Tu comprendras pourquoi il est très difficile de réaliser un home mastering et pourquoi cette étape est si importante.

Alexis est un super pédagogue qui n'hésite pas à partager sa passion pour la musique et le son, il y a beaucoup à apprendre de personne comme lui et c'est pour vous dans cet article.